Les politiciens américains s'emparent de la RFID

Jeudi 15 Avril 2004

Le sénateur (démocrate) du Vermont, Patrick Leahy vient d'en appeler à une discussion parlementaire sur l'identification par radio-fréquences (RFID), et sur l'opportunité de concevoir une loi pour protéger la vie privée des citoyens. "Le train de la RFID est en train de quitter la gare" a-t-il déclaré fin mars durant une conférence sur la vidéosurveillance au centre des lois de l'université de Georgetown (Etats-Unis). "Il est désormais l'heure d'entamer un débat sur les moyens à mettre en œuvre pour respecter le droit à la vie privée" a-t-il déclaré, cité par Primedia Insight. Le sénateur a cité diverses expérimentations réalisées par les industriels, qu'il a qualifiées de "clandestines", notamment une opération menée par Wal-Mart conjointement avec Procter & Gamble, et une opération réalisée par Gillette. Dans l'expérimentation de Procter & Gamble, les étiquettes introduites dans des bâtons à lèvres étaient tracées, de manière à ce que la firme pouvait à distance évaluer la pertinence des rapports d'inventaire générés par le système. "Le besoin de dessiner un cadre clair est évident. Ces excès suggèrent que le Congrès doit s'inviter dans le dossier à un certain niveau" a déclaré le sénateur, cité par Primedia Insight. Il a reconnu que la technologie "est sans doute utile aux détaillants pour gérer les inventaires" mais il affirme que les étiquettes intelligentes ne devraient pas toucher des produits mis en vente sans que le consommateur en soit informé, sans qu'il ne sache les désactiver et sans qu'il ne sache quelles informations seront enregistrées, collectées et comment elles seront utilisées. Il a rappelé le caractère "surveillant" inhérent à la RFID. Pendant ce temps, les expérimentations vont bon train. Industriels et distributeurs pensent gagner beaucoup en productivité grâce à la RFID. Ken Harris, un consultant de Cannondale Associates (Evanston, Illinois) estime que l'enjeu du respect de la vie privée n'est pas prêt de s'éloigner dans ce dossier. "L'idée du "Big brother watching you" est récurrente. La réalité est que la RFID, dans sa forme actuelle, ne permet pas réellement aux industriels de traquer les éléments de vie privée. Mais de par la prégnance de cette question, il est du devoir des professionnels de répondre à ces inquiétudes" explique-t-il, cité par Primedia Insight. Plus tôt au mois de mars, la sénatrice Debra Bowen a proposé une législation fixant des standards de respect de la vie privée pour la RFID. Elle aussi a cité l'expérimentation Wal-Mart/Procter & Gamble, se demandant si le recueil de données à distance et en temps réel était pertinent. Procter & Gamble avait déclaré qu'il n'était pas dans son intention de violer l'intimité des consommateurs. "Il n'est pas nécessaire d'en débattre de toute urgence avec le public, mais il est dangereux d'attendre trop longtemps pour évoquer le sujet. Nous avons besoin d'une communication claire sur les buts, les méthodes et les usages de la technologie, de manière à ce que nous puissions réfléchir en amont aux meilleurs moyens d'encourager l'innovation, tout en respectant la vie privée des citoyens" a-t-elle déclaré, citée par Primedia Insight. Wal-Mart, qui a demandé à ses 100 plus gros fournisseurs d'être opérationnels RFID dès janvier 2005, a déjà été contraint à quelques aménagements sur ses prévisions de déploiement. Par exemple, en autorisant l'industrie pharmaceutique a repousser le délai à la fin juin 2005. Le géant de la distribution a par ailleurs déjà officialisé bilatéralement le lancement de la RFID pour 2006 avec 138 de ses fournisseurs. / Tiré de la presse anglo-saxonne par Packaging-France / Primedia Insight