Emballages actifs ou intelligents : top départ en Europe !

Mercredi 13 Octobre 2004

Les emballages actifs (interagissant avec les aliments) ou intelligents (complexes au point de disposer de mémoires, pour traquer une chaîne du froid par exemple) seront bientôt autorisés par une directive européenne prévue pour s'appliquer en 2005. Le signal pour le vieux continent qu'il peut désormais rattraper le retard qu'il a en ce domaine par rapport aux Nippons et Américains. Mais l'espace laissé aux industriels pour développer et généraliser ces emballages est ténu : au-delà des seules questions techniques, il faudra réussir à relever le défi du prix, et celui de la résistance culturelle des Européens. Le marché des emballages actifs devrait croître de 20% par an en Europe d'ici à 2007, pour représenter à terme 30 à 40% du conditionnement alimentaire, selon une étude britannique de Pira International. Si aujourd'hui, quelques emballages actifs ou intelligents sont déjà généralisés en Europe (absorbeurs d'humidité à base de poudre de fer ensachée, ou la puce "fresh-check" utilisée par Monoprix), les Américains, les Australiens et surtout les Japonais ont de l'avance. L'Europe découvre actuellement des nouveautés, comme les emballages carton avec inclusions de particules métalliques pour créer un effet grill dans les fours à micro-ondes, ou avec un gel d'eau qui devient vapeur dans le four à micro-ondes. Tous les industriels européens de l'emballage sont sur les rangs et investissent en R&D. Parmi eux, on retrouve les Français Standa Industrie, Cryolog, le Germano-américain Cofresco ou encore les instituts publics de recherche (Inra en France, Fraunhofer IVV en Allemagne, VTT en Finlande...). Les filières matériaux prennent aussi le sujet à bras le corps, notamment celles du plastique ou du papier/carton, dont les propriétés souples favorisent les applications "intelligentes". L'axe majeur de la recherche porte actuellement sur les propriétés anti-microbiennes potentielles des emballages. "Le premier qui proposera un emballage anti-listeria aura un avantage concurrentiel énorme" prévient Gilbert Bureau, directeur de l'Ecole supérieure d'ingénieurs en emballage et conditionnement (ESIEC) de Reims. La piste des anti-microbiens naturels est privilégiée : basilic, poivre, moutarde, wasabi, chitosanes (dérivé des coquilles de crustacés)... pourront être aisément associés à des polymères naturels (acide lactique, amidon). Les industriels s'attachent en Europe à dissimuler au mieux les applications intelligentes, si possible dans le corps de l'emballage, car les freins culturels sont bien plus pregnants que sur les autres continents. "Beaucoup craignent que les emballages actifs et intelligents soient utilisés à mauvais escient, alors qu'ils ne sont pas faits pour compenser les défauts, mais pour renforcer la qualité" pécise Gilbert Bureau. La question des coûts peut aussi être un frein : un emballage intelligent coûte de 5 à 10% plus cher qu'un emballage traditionnel (estimé à 1% répercutés sur le consommateur). Enfin, la question de l'éco-conception ne doit pas être oubliée : la législation imposant également le recyclage, il convient d'y penser lors de la fabrication de produits "complexes" mélangeant plusieurs matériaux. / Enjeux Les Echos