Des abus dans les allégations qui poussent à la consommation

Jeudi 25 Février 2010

Course au rendement, mondialisation et marketing engendrent des effets pervers dans la chaîne agroalimentaire actuelle où émergent de plus en plus de scandales de santé publique. Les consommateurs sont abusés par un marketing qui occulte à dessein certaines réalités. "Les individus consomment jusqu'à 50% en plus lorsque l'emballage porte la mention "faible teneur en matière grasse". Et lorsque le plat principal d'un repas est perçu comme "bon pour la santé", les consommateurs n'hésitent pas à commander des boissons et des desserts contenant 131% de calories en plus" prévient Pierre Chandon, professeur de marketing à l'Insead, se basant sur les chiffres d'une étude sur le comportement des clients de Subway. "On arrive à la situation paradoxale où les individus qui choisissent des aliments allégés consomment davantage pour compenser la prétendue faiblesse en calories", résume-t-il, mettant en garde : "Si elle ne s'autodiscipline pas, l'industrie agroalimentaire court le même risque que les géants du tabac". Ces derniers mois, l'Efsa, agence européenne en charge de la sûreté alimentaire, a pris plusieurs décisions visant à brider les artifices marketing : - demander au confiseur italien Ferrero de retirer la mention "Aide à grandir" de ses chocolats riches en lait, mais aussi en graisses et en sucre. - interdit les allégations de "coupe-faim" d'un fabricant de lait écrémé enrichi en protéines et en fibres. - rendre un avis qui, s'il est avalisé par la Commission européenne, obligera les industriels du lait à retirer toute référence aux vertus des probiotiques. Pour l'Efsa, ces bactéries incorporées dans les yaourts et les compléments alimentaires, n'ont pas fait leurs preuves Parmi les ficelles du marketing, on relève notamment : - Lipton labellise son thé Linea d'un "0 calorie" pour le vendre 50% plus cher qu'un thé classique, - le biscuitier LU garantit aux acheteurs de ses "Petit Déjeuner" un "apport glucidique régulier", sans préciser qu'ils comportent 50% de graisses de plus qu'un petit beurre, - dans un hypermarché Carrefour parisien, les prix des boudins en barquette oscillent entre 1,63 euro et 3,26 euros et pourtant tous les produits viennent de la même usine : seul le packaging change, - les films buvards dans les barquettes de viande sont passés en quelques années d'une capacité d'absorption de 15 à 40g d'eau, car les viandes proviennent d'animaux gavés d'aliments phosphatés afin que la viande retienne l'eau et soit plus lourde lorsqu'elle est pesée. / L'Expansion