Demain, on ne regardera plus le plastique du même oeil

Vendredi 06 Juin 2008

Pour Stéphane Guilbert, directeur du laboratoire ingeniérie des agropolymères et technologies émergentes Inra-Sup Agro de Montpellier, nous sommes en train de vivre une révolution coperniciennne en matière d'usage des plastiques. Renchérissement du pétrole ⁽¹⁾ et contraintes environnementales pressantes ⁽²⁾ induisent des changements à la fois dans la production mais aussi dans la consommation. Le plastique de demain bénéficiera d'une perception plus noble, devenant largement plus réutilisé qu'aujourd'hui. Il gagnera en technicité et se déclinera en plusieurs sous-produits pour des applications techniques. Nous assistons aujourd'hui à une transition, avec l'émergence des bioplastiques, qui ne représentent que 3% des plastiques produits mais connaissent une croissance annuelle de 50%. Cependant les bioplastiques n'ont pas que des avantages : ils sont en moyenne 3 fois plus chers (jusqu'à quand ?) et surtout leur bilan environnemental est parfois encore sujet à caution. Car ils n'ont pas encore résolu leur principal défi qui est celui de ne pas utiliser de ressources fossiles tout en étant biodégradables. Ils sont encore divisés en deux grandes familles : les agroplastiques, qui se dégradent mal sans intervention mécanique préalable, et les bioplastiques à base de polymères synthétiques biodégradables. Ces derniers se décomposent en quelques mois mais sont encore largement "coupés" avec du PE classique, d'origine fossile.

[1] L'industrie du plastique absorbe 4% de la consommation mondiale de pétrole et est responsable de 2% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
[2] Quasi-imputrescible, un sac plastique est fabriqué en une seconde, utilisé pendant 20 minutes et met 400 ans à se dégrader.
/ Libération